« Prime » (2008)
« Prime » (2008)
« Prime » (2008)
« Prime » (2008)

« Prime » (2008)

5 créations avec électronique live

La flûte à bec Paetzold est la dernière née des flûtes à bec, très ancienne famille d’instruments, de dimensions et d’extension sonore diverses dès l’origine. Cette descendante est une invention typique de notre temps, apparue au milieu des années 70, création de l’artisan allemand Herbert Paetzold et a été immédiatement appréciée dans le domaine de l’exécution jointe à l’électronique live pour son éventail incroyable de gestes et effets sonores ainsi que pour l’extension quasi « infra-sonore » de son registre grave.

Dans les années 90 apparaissent les premières compositions expressément destinées à cet instrument, grâce au travail du virtuose de la flûte à bec, Antonio Politano, qui a commencé une recherche systématique sur ses possibilités expressives. Cette expérience d’une vingtaine d’années culmine en 2007 avec le projet promu par le Conservatoire HEM de Lausanne, dans le but d’établir un « catalogue de sons» (sound catalogue) qui puisse servir de base à la production d’instruments didactiques polyvalents, à l’intention des jeunes instrumentistes et compositeurs qui s’y intéressent particulièrement.

Dans le cadre du projet PRIME (Paetzold Recorder Investigation for Music with Live Electronics) quelques compositeurs de réputation internationale et quelques jeunes créateurs italiens ont composé des morceaux conçus exprès pour les élèves de l’atelier d’Antonio Politano au Conservatoire de Lausanne.

Ces pièces seront données en première audition dans un cycle de concerts :

  • 24 mai 2008, Eglise St. Jacques Lausanne
  • 27 mai 2008, Festsaal des Fürstenhauses à Weimar (D)
  • 28 mai 2008, Hochschule für Musik und Theater à Leipzig
  • 29 mai 2008, Joseph-Joachim-Saal, Universität der Künste à Berlin
  • 31 mai 2008, Koninkljk Conservatorium de la Haye (NL)

Explications des oeuvres

La première de ces pièces, toutes rigoureusement inédites, sera « Ostinato continuo » d’Adriano Guarnieri, un des compositeurs italiens qui, historiquement, s’est le plus engagé dans la voie de l’électronique live. Ce morceau pour flûte Paetzold contrebasse en Do prévoit une spatialisation des plus rigoureuses du son, pour que l’instrument amplifié, les réverbérations et les multiplications du signal sonore d’origine en de nombreuses lignes à l’émission parfois retardée, s’entrelacent d’une façon cohérente, créant une véritable dramaturgie de l’espace sonore.

La seconde pièce du jeune pianiste compositeur Franco Venturini « Kronarchia », est un trio pour deux flûtes Paetzold et une flûte baroque sopranino. L’idée du « pouvoir du tempo » se concrétise dans une condition cyclique de procédés extrêmement directionnels, qui expriment constamment une aspiration à une résolution comme moment générateur de nouvelles possibilités de développement. L’électronique concourt en ce sens général de directionnalité par la cohérence entre le geste de l’interprète et le résultat des processus de transformation du son.  La rapidité du déplacement du son entre ses diverses sources et ses modifications dans la limite des fréquences possibles sont précisément liées à l’intensité et la virtuosité de l’exécution des instrumentistes.

Suivront les « Dialoghi con il Sole » de Gabriele Manca, conçus comme une sorte de conversation entre la flûte Paetzold contrebasse en Do solo (que jouera Antonio Politano) et un groupe de six flûtes Patzold prévu ad libitum par le compositeur. L’œuvre sera présentée ici dans sa version complète. La pièce, outre l’électronique en temps réel recourt à des techniques instrumentales innovantes, fruit d’une longue et profitable coopération entre interprète et compositeur.

Toute autre est la composition du jeune compositeur Alessandro Ratoci « Preghiera all’Azzurro », dans laquelle l’électronique a pour mission de transformer radicalement l’écriture pour un ensemble mixte de flûtes baroques et flûtes Paetzold générant par la multiplication des voix un magma sonore changeant qui ressemble tantôt à un souffle tranquille, tantôt à un paysage sonore nocturne, toujours dans l’esprit d’une prière comme un moment d’expression chorale, d’objet sonore émis par une collectivité.

Dans « Choral » d’Andrea Sarto, un groupe de flûtes à bec hors scène met en évidence un choral de Bach auquel s’oppose un quatuor de flûtes baroques et un quatuor de flûtes Paetzold de tessitures différentes, créant une dialectique extrêmement expressive. L’écriture de l’ensemble principal, amplifié, s’exaspère habilement pour aboutir à une « brutalité » à laquelle s’oppose l’apparition lointaine de la tonalité représentée, faut-il le dire, par le biais d’un des chorals du Maître le plus particulier dans ses hardiesses harmoniques. Il n’y a pas que le rapport dialectique entre les styles ; avec le rappel du choral se manifeste encore plus profondément l’ambigüité de l’identité de l’objet sonore. Les techniques d’émission suggèrent un son dont l’élément phonétique est une présence latente, le spectre de la parole est présent comme une réalité en devenir qui va se clarifiant avec la forme. Dans cette narration raffinée l’électronique exalte les caractéristiques implicites de la « vocalité »en filtrant le son des flûtes.

L’ultime pièce est une « performance » d’Agostino Di Scipio intitulée « Il Silenzio de Fedro », qui prévoit la participation des quinze exécutants et tous les types de flûte possibles, de la sopranino à la contrebasse. Le morceau est en substance un filet d’interactions sonores entre les exécutants qui, une fois en route, suit son propre cours toujours divers mais toujours cohérent, où toute communication entre les musiciens se produit dans le son. En ce sens, le thème de ce morceau représente « les conditions même de la musique dite de chambre : coordonner le son entre quelques personnes réunies dans une pièce. » Il y a aussi l’image de la dynamique sonore dans la vie d’une communauté de cigales (non pas l’imitation du son, mais de la nature du processus de communication ) : aucune cigale ne sait comment se comporte le groupe, mais chacune contrôle son propre son et détermine ainsi le comportement de ses compagnes les plus proches. D’où le titre : dans Phédon de Platon, Socrate et Phédon philosophent en plein air, à la campagne, et quand ils cessent de parler, le bruit de fond devient premier plan, surtout le chant des cigales (par-dessus la rumeur de la rivière et le bruissement du feuillage d’un arbre). Ils écoutent puis reprennent leur conversation. Un instant ils font partie de l’environnement – puis s’en détachent à  nouveau.

Alessandro Ratoci
Traduction de l’italien Denyse Rich

MUSICIENS

Alessandro Ratoci : ingénieur du son
Antonio Politano : flûte à bec solo et direction musicale

  • Conservatoire de Lausanne Haute Ecole de Musique : Lorenzo Lio, Simone Schmid, Pierpaolo Barbiero, Serena Occhiuzzi
  • Hochschule für Musik Franz Liszt, Weimar : Silvia Müller, Tina Hoffmann, Irene Wagner
  • Hochschule für Musik und Theater Felix Mendelssohn-Bartholdy, Leipzig : Nelly Sturm, Anna Januj
  • Conservatorio di Musica G.B. Martini, Bologna : Alice Boccafogli
  • Zürcher Hochschule der Künste : Dario Benigno
  • Koninklijk Conservatorium, Den Haag : Robert de Bree, Emma Huysser, Jeanne Truong, Anaïs Magnan

PROGRAMME

  • Adriano Guarneri* : Ostinato Continuo n. 2A (2008), création pour flûte Paetzold double basse en do et électronique live
  • Franco Venturini : Kronarchia (2007), flûte à bec soprano, flûtes Paetzold contrebasse en fa et en do, électronique live
  • Gabriele Manca* : Dialoghi con il sole (2008) création, flûte Paetzold double basse en do solo et 6 flûtes Paetzold ad libitum et électronique live
  • Alessandro Ratoci : Preghiera All’Azzurro (2008) création, ensemble de flûtes à bec et électronique live
  • Andrea Sarto : Choral (2008) création, ensemble de flûtes à bec et électronique live
  • Agostino Di Scipio : Il Silenzio di Fedro (2007/08) création, ensemble de flûtes à bec et électronique live

Réalisation de l’électronique dans le cadre du projet de recherche PRIME
*Pièces dédiées à Antonio Politano

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